Mon village
Il n'est pas carte postale, l'église est sans clocher
Et les maisons s'étalent plutôt que frissonner
Il n'est pas sans histoire, les hommes y ont creusé
Depuis plus de vingt siècles, de leur vie à plein corps
Il est de chaque maison et de chaque grenier
Où des petites filles se sont déshabillées
Il est ce plaisir trouble dans les yeux des garçons
Et qui tremblent encore, de désirs, de frissons
Il est dans l'inconnu qui surgissait alors
Au hasard des balades et de nos mondes clos
Il est l'odeur de cire et cet escalier noir
Où les secrets adultes nous étaient étrangers
Il est la rue en pente et sur le promontoire
Tout ce ciel étoilé qui parlait d'avenir
Il est le jour inerte quand nous l'avions quitté
Et les retours joyeux tout droit vers le goûter
Il est de ces après-midi au soleil qui plombait
Sur les berges assoupies nos baignades de juillet
Il est de ces habits au réveil du dimanche
Qui d'un coup pétrifiaient nos corps attentifs
Il est de tous les coups qui nous faisaient tant rire
Et de ceux qui plus rares se brisaient dans nos larmes
Il est sans nul doute derrière ce jeune garçon
Qui te paraît si maigre sur la photographie
Peu importe le décor et peu importe le temps
Mon village s'endort quand dorment les enfants