Lolita
Ah, les tendres jours d’été
Quand les adultes étaient
partis !
Tous en short, torses nus,
Sur nos bécanes en balade.
Et les filles sur le biplace
Qu’on échangeait si
facilement.
Ah, les douces et longues
promenades
Dans les sous-bois, au bord
de l’eau !
Tous très gais et les mains
sur les hanches.
Les bavards nous faisaient
rire
Et occupaient tous nos
silences
De jeunes mâles débraillés.
Ah, les retours en lacets,
Le corps si souple des
petites filles,
Leurs ventres tout contre
nos dos
Et le vent nous faisant
pleurer !
Elle avait des jambes toutes
dorées
Et combien douces sous ma
main.
Ah, ce désir si brutal
Dressé comme pour le
combat !
Et ses mains que j’avais
forcées.
Ah, la belle et franche
reculade !
Mon prénom crié par sa
bouche,
Comme un reproche mais si
doux.
Ah, quel immense regret
De m’être trompé de
Juliette !
L’une d’entre elles était
éclose
Avec des seins dans son
corsage.
C’est toi, toi seule que je
voulais
Mais la jeunesse a ses mirages.