Treizième anniversaire du soulèvement zapatiste
[Notre histoire ne peut pas être contée par petits bouts, avec ce que chacun met ou supprime de son histoire personnelle.
C’est une histoire collective.
Une histoire où le "je" n’a pas sa place.
Une histoire où nous parlons, nous écoutons, nous regardons et nous ressentons en tant que collectif. [...]
Et nous, l’EZLN, nous avons pris les armes parce qu’il n’était plus possible de supporter le vol, l’exploitation, le
mépris et la répression dont nous étions victimes du seul fait d’être
indigènes.
Pour le dire platement, on nous traitait pire que des bêtes.
Et on se moquait de nous à cause de notre peau brune, à
cause de notre langue, à cause de notre façon de nous vêtir, à cause de
notre culture.
Et parfois aussi la moquerie consistait à nous ignorer,
à faire comme si on ne nous voyait pas, comme si nous n’étions que des
choses ou de simples sacs qui vaquent comme des ombres de par le monde.
Autrement dit, ceux d’en haut, les puissants et leurs mauvais gouvernements, nous régalaient du mépris de l’oubli.
Et avec cet oubli, ils livraient contre nous une guerre d’extermination pour nous anéantir en tant que peuples indiens.
Des milliers de petites filles et de petits garçons
indigènes mouraient de maladies que l’on savait soigner avec une simple
pilule, mais on ne nous regardait pas, nous comptions pour rien, même
pas bons pour la mort.
Alors, nous avons décidé qu’il n’était
plus possible de supporter ça, que nous n’étions plus disposés à mourir
comme des bêtes et nous avons dit et nous disons YA BASTA !, ça suffit que ce pays qui s’appelle le Mexique ne nous prenne pas en compte.
On ne nous regardait que pour nous insulter, pour nous
exploiter, pour nous dérober notre terre et notre culture, pour nous
réprimer, pour nous frapper, pour nous violer, pour nous emprisonner et
pour nous assassiner.
Alors le nous qu’est l’EZLN a décidé qu’il y en avait assez, que ya basta !
et nous avons pris les armes et nous nous sommes soulevés pour que l’on
nous voie, pour que l’on nous prenne en compte, pour que l’on nous
respecte.
C’est une histoire que l’on a parfois tendance à oublier...]
Pour le Comité clandestin révolutionnaire indigène
Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale.
Sous-commandant insurgé Marcos.
Mexique, 1er janvier 2007
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