Salaires, pouvoir d'achat : électeurs, président, même combat ?
Nicolas Sarkozy est augmenté de 172 %, et non de 140 % !
"Transparence". Tel était le maître mot du – bref – débat qui a
précédé le vote à l'Assemblée nationale, mardi 30 octobre, de
l'augmentation du traitement du président de la République. Mais
personne, à la sortie, n'était en mesure d'indiquer avec précision la
rémunération actuelle du chef de l'Etat et celle à laquelle il aura
droit à compter du 1er janvier 2008.
Interrogé par Le Monde, le secrétaire d'Etat chargé des
relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, qui a présenté les
crédits des pouvoirs publics et défendu les amendements du gouvernement
sur le budget de l'Elysée, a fourni ces indications : de 7 084 euros à
l'heure actuelle, l'indemnité mensuelle nette du président de la
République passera à 19 331 euros, soit une augmentation de 172 %, et
non de 140 % comme Le Monde, ainsi que la plupart de ses confrères, l'avaient écrit. Des chiffres confirmés par l'Elysée.
La hausse des prix des produits de première nécessité accroît les inégalités.
Les Français ne sont pas égaux face au regain d'inflation qui sévit en
Europe. La flambée des prix de l'énergie et la valse des étiquettes sur
les produits alimentaires pénalisent d'abord les plus pauvres. Alors
que le président de la République s'est posé en défenseur du pouvoir
d'achat, cette réalité commence à poser un problème politique à
l'exécutif. Selon le dernier sondage TNS Sofres, publié le 3 novembre
dans le Figaro Magazine, la cote de confiance de Nicolas
Sarkozy a baissé de quatre points en un mois, à 53 %, et 85 % des
Français ne croient pas en l'efficacité de la politique du gouvernement
contre la hausse des prix.
En l'espace de quelques semaines, le climat social s'est tendu. Le
durcissement du mouvement des marins pêcheurs, l'éclosion de plusieurs
conflits salariaux à Air France, chez Total, au Crédit Lyonnais, mais
aussi chez Conforama, montrent que la question des salaires reste des
plus sensibles. Or, là aussi, les plus pauvres sont les plus mal lotis.
Ils font les frais, comme la majorité de la population, de plus de
vingt ans de modération salariale.Mais ils ont de plus été les
premiers touchés, en juillet, par l'absence de coup de pouce au Smic et
par l'alignement des minima et des prestations sociales sur la seule
hausse des prix, décidé par le gouvernement de François Fillon. Ces
deux mesures ont été adoptées quelques semaines avant le vote, au mois
d'août, d'une baisse historique de la fiscalité (bouclier fiscal à 50 %
; allégement massif des droits de succession etc.) au profit des plus
aisés des contribuables.
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