Union Européenne.. la grosse galette des hauts fonctionnaires
D'accord, rien de comparable avec les retraites en or des pdg, mais les
129 - très - hauts fonctionnaires de l'Union européenne (commissaires,
juges, greffiers...) n'ont vraiment pas à se plaindre. Aucun régime de
retraite de la fonction publique dans les 27 États membres n'est aussi
favorable. Et pour cause, un commissaire européen, un juge, un avocat
général de la Cour de justice... n'acquittent aucune cotisation,
contrairement au fonctionnaire européen lambda qui, lui, verse 10,90 %
de son traitement de base.
Mais pour ce tarif zéro, les hauts fonctionnaires de
l'Union bénéficient de prestations luxueuses détaillées dans un rapport
que s'apprête à publier Sauvegarde Retraites, association connue pour
son obstination à traquer les abus. Ainsi, quand ils abandonnent leurs
fonctions, les maîtres de l'Union peuvent toucher jusqu'à 70 % d'un
dernier traitement très confortable. Les émoluments de ces
"superfonctionnaires" s'élèvent, en moyenne, à 21.260 euros mensuels.
Au bas de l'échelle, le greffier du Tribunal de la fonction publique
touche 16.327 euros. En haut, le président de la Cour des comptes
perçoit 23.405 euros et celui de la Cour de justice 26.651 euros, et
cela, sans indemnités et autres suppléments familiaux (par exemple,
plus de 2.000 euros par mois pour 3 enfants à charge !).
Pour obtenir les 70 % de leur dernier salaire pour
leurs retraites, les hauts fonctionnaires de l'Union n'ont pas besoin
de trimer 40,5 ans, comme dans le privé, en France. Il suffit de
"tenir" 16 ans. La vérité oblige à dire qu'il est assez rare de
parvenir à ce seuil fatidique compte tenu de la durée des mandats, mais
même un court passage reste avantageux. Ainsi, Jacques Barrot,
vice-président de la commission chargée des transports, au terme de
seulement 5 ans de mandat, aura droit, en octobre, à une pension de
4.728,20 euros.
Les partants peuvent espérer toucher entre 300.000 et 500.000 euros
La vérité oblige à dire là aussi que ces retraites sont cumulables avec
celles obtenues dans les pays d'origine. Et qu'en cas de départ avant
l'âge - 65 ans -, les 129 privilégiés de l'Union touchent de
confortables parachutes. Sous forme d'une "indemnité de déménagement",
sachant que tous les coûts (transports, assurances...) sont, en plus,
pris en charge par l'Union. S'ajoute une "indemnité de transition"
servie mensuellement pendant 3 ans en proportion du salaire de base et
de la durée du mandat effectué (40 % pour moins de 2 ans, jusqu'à 65 %
au-delà de 15 ans). Une restriction toutefois : une fois le mandat
achevé, si le haut fonctionnaire européen exerce une nouvelle activité,
sa rémunération ne doit pas dépasser, y compris l'indemnité de
transition, ce qu'il percevait à Bruxelles ou à Luxembourg.
Au total, en cumulant les deux indemnités, les
partants peuvent espérer toucher entre 300.000 et 500.000 euros, ce qui
n'altère en rien les prestations de retraite à venir. Pas mal pour des
responsables mieux que bien payés (le président de la Commission
européenne José Manuel Barroso, avec 29.504 euros, touche plus que le
président des États-Unis) et qui, le plus souvent, réintègrent leur
administration d'origine, reviennent à la politique ou pantouflent dans
le privé. Conclusion de Sauvegarde Retraites : "C'est un comble,
l'administration européenne, garante de l'orthodoxie budgétaire et si
prompte à jouer les gendarmes vis-à-vis des États membres qui ne
respectent pas les principes de bonne gestion et de rigueur économique,
mène, pour elle-même, aux frais des contribuables, une politique
laxiste totalement coupée des réalités."
Patrick Bonazza sur Le Point