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Le guetteur mélancolique
Le guetteur mélancolique
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27 octobre 2010

La régression néolibérale

make_money_roadsign_480La Bourse se situe aujourd'hui au centre de la vie économique, la spéculation devient un des principaux moyens de gagner de l'argent. En 2005, 92,3 % des transactions étaient constituées par des opérations financières de couverture, de spéculation et d'arbitrage contre 3,4 % tournées vers l'économie réelle sous forme d'achats ou de ventes d'actions ou d'obligations ! La puissance de la sphère financière est telle qu'elle impose sa loi à tous les niveaux de l'activité économique : entreprises, nations et organisations internationales.

En exigeant des entreprises des taux de rendement de 15 % de leurs capitaux propres, on inverse la finalité de l'économie. De moyen, la finance devient l'objectif suprême. La rente de l'actionnaire, qui se nourrit des ponctions effectuées sur les autres revenus, conduit systématiquement à réduire les salaires, le nombre d'emplois, la dépense publique, la protection sociale. Le néolibéralisme creuse les inégalités à l'échelle mondiale, place l'argent au-dessus de tout, provoquant une crise du sens et des valeurs, brouille les frontières entre économie « propre » et « sale ». La logique marchande triomphe, englobant la culture, l'éducation, la santé. Le vivant, hier sacré, fait l'objet de brevets. Et les ressources naturelles, surexploitées, sont peu à peu épuisées par la course productiviste.

Contrairement à ce que l'on entend souvent, ce n'est pas une crise de l'économie que nous vivons aujourd'hui. Mais une crise du système néolibéral. Ce n'est pas un phénomène extérieur qui a provoqué la crise des subprimes en 2008, mais la logique propre à ce système, lancé dans une course en avant de plus en plus folle, qui a conduit à proposer des crédits à des populations de plus en plus vulnérables, malgré les avertissements répétés contre les risques de formation de bulles immobilières.

Le dépérissement de ce système demandera du temps. Trop d'intérêts sont en jeu, et vous avez pu constater qu'après quelques ajustements tout a repris comme avant. Les crises, de plus en plus violentes, se reproduiront. Et ceux qui ont pâti du système seront les principales victimes de son effondrement. Mais celui-ci ne se produira que si un nouveau système est en mesure de prendre la place. [...]

René Passet, économiste et enseignant à lire ici, Télérama

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