La république des intouchables
Ces dernières années, le gouvernement Sarkozy a fait face à une avalanche d'affaires toutes plus scandaleuses les unes que les autres. A peine la polémique désamorcée, une autre se déclenche. Le vaudeville sarkozien continue d'animer l'actualité internationale, au grand désespoir des citoyens français. Tandis qu'ils assistent au démantèlement des services publics et peinent à boucler leurs fins du mois, le président et ses ministres affichent, eux, un mode de vie exubérant et s'acoquinent avec les hommes d'affaires.
La faillite de
l'Etat français, mode de gestion privilégié par le premier ministre
François Fillon, tout comme l'accélération de la débâcle économique,
sont deux tendances qui se pérennisent depuis 2007. Mais, force est de
constater que la France est avant tout confrontée à la faillite morale
et éthique de l'Etat républicain: perte de sens et dénigrement de la
sphère publique, intérêt personnel primant sur l'intérêt général. Depuis
quatre ans, ce gouvernement, qui prétend mener des concertations tous
azimuts, privilégie en fait les intérêts particuliers et reste sourd aux
préoccupations premières des Français. Il ne fait plus illusion
aujourd'hui.
La France va mal, mais son président et ses
ministres se portent bien, à coups d'effets d'annonce. Nicolas Sarkozy, à
chaque scandale, annonce une réduction du train de vie de l'Etat. Les
conflits d'intérêt sont poussés à leur paroxysme, ce gouvernement a
perdu tout sens de l'esprit public. Il est immoral de profiter de
l'argent des dictateurs, quand leur peuple est dans la rue pour clamer
la démocratie et la justice sociale. Il est immoral de profiter des
faveurs des groupes industriels, des propriétaires des médias, quand le
peuple français souffre de privations, quand la majorité des Français ne
peut plus vivre avec sa retraite, quand les hôpitaux publics, les
écoles, les commissariats, les tribunaux ferment leurs portes, quand la
justice, l'éducation sont privées des moyens nécessaires à leur juste
fonctionnement, garant du triptyque républicain : liberté, égalité,
fraternité.
La jeunesse de ce pays doute de son avenir, la pauvreté ne cesse
d'augmenter. Mais, la vérité, c'est que les ministres n'ont pas le temps
de plonger dans la réalité des Français. La faute au cumul ! Ils
connaissent mal les dossiers et le vécu de leurs concitoyens.
Cette
république des intouchables banalise les conflits d'intérêts entre
secteur public et secteur privé, entre mandat exécutif et mandat
législatif.
Ces mercenaires de la politique, avides,
indifférents à l'intérêt général, sont assoiffés de pouvoir, de façon
presque maladive. Pour eux, cumuler le maximum de pouvoir, c'est aussi
cumuler capital politique et statut social. Dans cet élan, plus les élus
cumulent et concentrent de pouvoirs, plus ils acquièrent de légitimité
politique et plus les conflits d'intérêts se multiplient. Existe un
mélange des genres qui frôle ainsi la corruption. On assiste
impuissant à l'accaparement de l'Etat par les proches du
Président. Mais, le mot corruption reste un tabou ! Ségolène Royal
elle-même avait failli être clouée au pilori quand elle avait
qualifié de corruption le système Sarkozy !
Voilà de quoi rendre
la classe politique peu crédible auprès des Français. Pour quoi et dans
quels intérêts ses députés/sénateurs sont-ils nombreux à prêter serment
pour avoir le statut d'avocat ?
Font-ils usage de leur pouvoir
politique pour tirer partie de leurs réseaux, font-ils adopter les
textes de loi sous la pression ? Une enquête d'investigation s'impose
sur les élus du parti du président : combien compte-t-il d'avocats
d'affaires, de cabinets de conseils, quels sont ses liens avec les
lobbies, comment agissent ses députés ... Malheureusement le journalisme
d'investigation est en voie de disparition sous le règne Sarkozy.
Mediapart résiste grâce à l'internet et à la cotisation de citoyens
engagés. Le Canard Enchaîné garde son réseau de fidèles, « passeurs de vérités ».
Les publi reporters continuent de banaliser en généralisant les
problèmes. Plutôt que d'affirmer que les choix politiques de Sarkozy
aggravent la crise, ils affirment : la France est confrontée depuis 15
ou 30 ans à telle ou telle problématique. Curieux, non, alors que la
France a été gouvernée plus longtemps par la droite que par la gauche.
Alors, INDIGNEZ-VOUS ! Aidez la France à récupérer son image démocratique au niveau international.
La
France ne peut pas devenir une république vaudeville. La France a
besoin d'un journalisme de vérité, critique, pertinent, pas d'un
journalisme aux ordres ; un journalisme d'investigation, capable
d'analyser au fond, de contredire les mensonges au plus haut sommet de
l'état, de diagnostiquer la situation d'hier et d'aujourd'hui.
Journalistes
de France, unissez-vous, pour être indépendants et libres. Faites votre
boulot, tout votre boulot, rien que votre boulot et appuyez-vous sur
les syndicalismes professionnels pour défendre toute attaque aux
libertés d'expression.
Marilza de Melo Foucher,
Franco-brésilienne, Docteur en Economie
Consultante Internationale pour le développement intégré et solidaire
A lire ici, Sarkozy et les mercenaires