Pensée magique
Nicolas Sarkozy a le sens de la répartie qui claque. "Président de la République, c'est pas un boulot pour inquiet. J'en connais de plus calmes, comme éditorialiste", a-t-il répondu mardi 8 janvier aux journalistes qui l'interrogeaient - bien timidement - sur la conjoncture économique difficile qui obère chaque jour un peu plus ses promesses de campagne en matière de croissance et de pouvoir d'achat. Sans entrer dans cette polémique, efforçons-nous au moins d'être lucides.
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Il y a huit mois seulement, on allait voir ce qu'on allait voir, triomphait le chef de l'Etat : un "choc de confiance" dès l'été, une croissance qu'il irait "chercher avec les dents", une relance du pouvoir d'achat dont il se voulait "le président" grâce à cette équation lumineuse : "Travailler plus pour gagner plus." Aux pessimistes professionnels qui le mettaient en garde contre les illusions de la pensée magique, il opposait avec assurance sa détermination, son énergie et sa volonté de faire bouger la France.
Huit mois plus tard, le constat est brutal : en dépit du paquet fiscal, voté dès l'été, et de la détaxation des heures supplémentaires, adoptée à l'automne, la croissance reste trop molle, les prix sont en hausse, le pouvoir d'achat est atone et le moral des ménages en berne, sans parler des déficits publics qui grèvent toujours aussi lourdement l'avenir. Le premier bilan dressé par le président de la République a au moins le mérite de la franchise : "Qu'attendez-vous de moi, que je vide les caisses qui sont déjà vides ou que je donne des ordres à des entreprises à qui je n'ai pas à en donner ?" Cruel aveu que les faits sont têtus. [...]
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