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Le guetteur mélancolique
Le guetteur mélancolique
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25 avril 2008

Au theâtre ce soir !

sarko_showJe n'ai pas regardé Sarkozy hier soir à la télé mais je me suis bien marré à la lecture de l'article de Libération que je vous livre ci-dessous.

Merci aux auteurs Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts.






[Depuis la cour de l’Elysée, juste avant le début de l’émission, David Pujadas espère : «Pour les moins jeunes d’entre nous, ça rappellera l’Heure de vérité Sur la forme, c’est ça : deux Messieurs Loyal (à moins que ce ne soit deux loyaux messieurs), David Pujadas et PPDA, et trois aiguillons - Véronique Auger, Yves Calvi et Vincent Hervouët - pour piquer le Président sur des thèmes précis. Mais sur le fond, c’est Au théâtre ce soir, dont le Président est un grand fan : entre deux lourds rideaux rouges, Nicolas Sarkozy joue son propre rôle. Ses gestes de marlou, d’affranchi des faubourgs ; son index séchant une goutte de sueur. Son langage de comptoir : «Les prix, y z’augmentent pas d’hier» , «la panade», «est-ce qu’on s’couche ?», «au bal de l’hypocrisie, y avait du monde»… On est dans une pièce de boulevard.

En face, les aiguillons font le boulot pour lequel ils ont été choisis par l’Elysée. Véronique Auger attise, cherche, revient dix fois à sa question sans réponse ; Yves Calvi joue les chattemites et Vincent Hervouët, et ses questions à choix multiples, campe l’expert à qui on ne la fait pas. Plutôt malin le casting : il fallait du répondant au Président plutôt que de l’onctueux, il fallait donner l’impression qu’il doit batailler pour convaincre.

Disposé de côté, le public, de toute façon, est acquis. Le personnel de l’Elysée joue les mannequins de cire, visage impassible tourné vers le Président. La réalisation se charge du reste : une gracieuse caméra aérienne survole la salle des fêtes de l’Elysée, une autre zoome légèrement pour surligner la parole présidentielle, une troisième oscille au rythme de ses mouvements d’épaule. L’image de Sarkozy est savamment composée : trois quarts de jardin flou et illuminé, un quart de tenture rouge. La lumière flatte le bronzage du Président et lui fait une auréole. Il le connaît bien, son Sarkozy, le réalisateur Renaud Le Van Kim qui, hormis le Grand journal de Canal +, a filmé l’intronisation du candidat UMP à la présidentielle en janvier 2007. Et il lui a fait une émission aux petits oignons, jusqu’au studio, dressé au sein même du Château. Aux frais - 280 000 euros, énorme pour un débat de la sorte - de TF1 et de France 2, les diffuseurs.

A 21 h 54, Sarkozy détimbre sa voix, se fait agneau, serre ses poings l’un contre l’autre, entrecroise ses doigts. C’est le monologue de fin, sa grande scène, qu’on sent répétée mille fois : «J’ai tellement de travail à faire, il y a tellement d’impatience, il y a tellement d’attente, il y a tellement de souffrance, aussi, et je dois porter tout cela.» L’émission s’achève. PPDA remercie. «C’est moi qui vous remercie», avoue le Président. PPDA salue et Sarkozy a le dernier mot : «Bonsoir à tous.» Les décors sont de Roger Harth, pardon, de Philippe Désert.]

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