Darcos s'agace, les petits chefs se lâchent !
«C'est clairement du délit d'opinion puisque sur le plan professionnel, rien ne m'est reproché,
explique Dominique Piveteaud, enseignant à la Goutte d'Or, victime, fin
juin, d'une mutation d'office, et suspendu d'IUFM, où il était
formateur. Je n'ai commis aucune faute. Sur le fond, on sanctionne
mes prises de position pédagogiques et la remise en cause des réformes
de l'enseignement primaire». Dominique Piveteau est l'auteur de revues pédagogiques et de livres de jeunesse (Apprendre à lire et à écrire à partir de l'album "le loup est revenu"), militant à RESF (Réseau Education Sans Frontières) et
au Groupe de Pédagogie Nouvelle. Il a reçu de nombreux soutiens.
Dominique Piveteau. « Je suis en quelque sorte victime d'une triple peine
: départ d'une circonscription (la Goutte d'or) où je m'investis depuis
7 ans, fin de mon travail de formateur et perte d'une partie de mes
revenus (le complément de mon salaire en tant que maître formateur,
l'indemnité ZEP). Tout a commencé début avril, lorsque l'enseignante chargée de ma classe
a été inspectée, en mon absence. En tant que maître formateur, le tiers
de mon temps de travail est consacré à la formation de stagiaires IUFM.
L'inspection se passe assez mal, l'inspectrice s'étant permis de poser
des questions à ma remplaçante sur mes méthodes pédagogiques, alors que
j'étais absent.
Deux jours plus tard, j'apprends qu'elle souhaite
m'inspecter. Je refuse car j'ai l'impression d'une inspection-sanction. Inspecté il y a deux ans, j'avais eu une appréciation positive,
entraînant une augmentation de salaire. Suite à mon refus, j'ai été
convoqué le 16 juin à l'inspection académique, où j'ai appris qu'un
rapport avait été constitué avec des documents que j'avais fournis. Il
s'agit d'une sorte de « cahier de classe » dans lequel j'expose mon
planning, les ressources pédagogiques utilisées... Je n'avais pas été
informé de la constitution de ce rapport. Sur cette base, il m'est
reproché d'avoir animé un cours de cuisine qui n'était pas dans le
cadre du programme, d'avoir travaillé sur un article de Charlie Hebdo
et même l'agencement de ma classe.
Ma mutation est justifiée, officiellement, par mon refus d'inspection,
mais sur le fond on sanctionne mes prises de position pédagogiques et
la remise en cause des réformes dans l'enseignement primaire (la
suppression des cours le samedi matin, cours de soutien hors temps
scolaire, stage de rattrapage pendant les vacances). Ce sont des
propositions inefficaces, qui remettent en cause le principe d'égalité
scolaire. On assiste actuellement à une diminution du temps scolaire et
à un alourdissement du programme, qui réduit l'apprentissage à une
répétition et non pas à une réelle construction du savoir. Le climat s'est dégradé depuis un an : on subit, de plus en plus, un
climat autoritaire. D'autres enseignants sont inquiétés. La diversité
pédagogique n'est plus considérée comme une richesse, source de débat.
On assiste à une uniformisation de l'enseignement. On devient de
simples exécutants, à qui l'on retire la possibilité de penser notre
métier. »
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