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Le guetteur mélancolique
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11 avril 2007

Ô ce jour-là nos visages… les avons-nous déjà oubliés ?

mnouchkine

Je voudrais vous parler de sentiments. Car lors d’une élection présidentielle, et pour celle-ci bien plus que pour toute autre, il s’agit aussi de sentiments. Il s’agit d’étonnement d’abord, d’espoir, de confiance, de méfiance, de craintes, et de courage aussi. Il s’agit surtout, je crois, d’un sentiment de genèse. Je n’ai jamais cru que la Genèse fut terminée. Petite fille, je pensais même que, une fois grande personne, je serais fermement conviée à y participer. Et comme, à l’époque, aucun adulte autour de moi ne s’est cru autorisé à me détromper, je le pense toujours. [...]

Son adversaire [Nicolas Sarkozy] surexcité veut nous vendre, nous fourguer un hypermarché, un vrai Shopping Paradise —très bien situé, remarquez, juste en face de la caserne des CRS, elle-même mitoyenne du nouveau Casino des Jeux concédé à ses amis lorsqu’il était ministre — tandis qu’un troisième… celui-là, à part être président, j’ai du mal à comprendre ce qu’il veut pour nous. Une hibernation tranquille, peut-être ? Pendant ce temps, celui que bien imprudemment certains s’obstinent à classer quatrième alors qu’il y a cinq ans… vous vous souvenez ?  Ô! Nos visages blêmes, nos mains sur nos bouches tremblantes et nos yeux pleins de larmes. Ô ce jour-là nos visages… les avons-nous déjà oubliés ? L’horreur de ce jour-là, l’avons-nous déjà oubliée? La honte de ce jour-là? Voulez-vous les revoir, ces visages? Moi, non.
Voilà pourquoi, même si je respecte leurs convictions, et en partage plus d’une, je ne veux pas que ceux qui pratiquent l’opposition radicale, jusqu’à en prôner la professionnalisation durable, nous entraînent dans leur noble impuissance.
Voilà pourquoi je pense que nous, le soir, dans nos dîners, devons cesser nos tergiversations de précieux ridicules. C’est du luxe. Un luxe insolent aujourd’hui. Beaucoup dans ce pays ne peuvent se le payer. Ils souffrent. Ils sont mal-logés, ou pas logés. Ils mangent mal. Ils sont mal soignés, ne connaissent pas leurs droits, donc n’ont droit à rien. Ni lunettes, ni dents, ni vacances, ni outils de culture. Leurs enfants n’héritent que de leur seule fragilité. Ils souffrent. Ils sont humiliés. Ils ne veulent pas, ils ne peuvent pas, eux, passer un tour. Encore un tour. Jamais leur tour. [...]

Ariane Mnouchkine


Lire l'article complet sur le blog Le fil d'A

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Commentaires
L
Bonjour Méry,<br /> Merci pour ta visite... <br /> Apparemment, c'est une première pour Mnouchkine de se positionner de cette façon avant une élection... <br /> Pour ce qui est de l'orthographe, avec ces commentaires postés à pas d'heure, on tape souvent trop vite et quand on clique sur envoyer, he ben, c'est trop tard !<br /> Bises et bon vote !
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M
Après minuit je perds mon orthographe ! je corrige : susceptibles.
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M
" celui-là, à part être président, j’ai du mal à comprendre ce qu’il veut pour nous. Une hibernation tranquille, peut-être ?" <br /> <br /> Il ne veut rien pour nous cet homme-là, pour qui nous n'existons pas, à vrai dire. Personnage occupé que de son JE démesuré, pour qui nous sommes réduits à des mains suceptibles de tenir un bulletin à son nom.
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A
tergiversations de précieux ridicules.<br /> <br /> Voilà une phrase de valeur.
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