Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le guetteur mélancolique
Le guetteur mélancolique
Publicité
Archives
27 janvier 2008

Mexique: quatorze ans après, la révolution zapatiste danse encore

1er janvier 1994: le Traité de libre commerce de l’Amérique du Nord (TLCAN) entre en vigueur. Pendant que le Mexique d’en haut sable le champagne, l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) occupe sept villes du Chiapas et lance le "Ya basta!" du Mexique d’en bas.
1er janvier 2008: l’ultime volet du TLCAN entre en vigueur (mais, haricot rouge, lait, canne à sucre), avec des effets qui s’annoncent ravageurs pour une paysannerie déjà exsangue.
Les zapatistes, eux, sont toujours là. Ils ont résisté aux attaques militaires de 1994 et de février 1995, à la stratégie de paramilitarisation qui a conduit au massacre d’Acteal le 22 décembre 1997, aux faux-semblants gouvernementaux, au succès puis à l’oubli médiatiques, aux erreurs, à l’usure d’une lutte menée dans des conditions éminemment précaires.
Résisteront-ils au harcèlement dont ils sont l’objet depuis plusieurs mois? Le sous-commandant Marcos ne vient-il pas d’indiquer, avec gravité, qu’une offensive d’envergure se préparait, répandant déjà "l’odeur fétide de la guerre"?

Le zapatisme est passé de mode? Tant mieux !

Ce mois-ci, le magazine latino-américain Gatopardo consacre sa "une" à Marcos et publie un reportage de Laura Castellanos, qui l’a suivi sur plus de 3 000 km du nord au sud du Mexique. Plusieurs journaux français ont attrapé au vol quelques bribes de cette publication, bien vite qualifiée de "people".
Que n’aimerait-on lire plus souvent, dans la presse dite sérieuse, des articles aussi exigeants, critiques et scrupuleux, pondérés quoi que sans concession! Mais faut-il s’étonner que ceux qui ont toujours traité le mouvement zapatiste par la dérision ne retiennent de l’interview de Marcos que la mention, à mi-chemin entre la nostalgie et l’auto-ironie, d’être "passé de mode"?
Eh bien, tant mieux ! N’est-ce pas l’occasion d’un regard plus attentif sur ces quatorze années ? Après douze jours de combats, en janvier 94, les zapatistes acceptent le cessez-le-feu réclamé par une ample mobilisation populaire et s’engagent dans la recherche d’une solution négociée.
Le 16 février 1996, ils signent les accords de San Andrés avec le gouvernement fédéral, puis avalisent le projet de réforme constitutionnelle préparée par la commission parlementaire ad hoc, que le président Zedillo, lui, refuse. En 2001, dans le contexte créé par l’élection de Vicente Fox, les zapatistes entreprennent la Marche de la couleur de la terre, pour demander au Parlement de voter cette réforme.  [...]

Jérôme Baschet    Article à lire sur RUE89

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité