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Le guetteur mélancolique
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23 octobre 2008

Ils cassent le monde

chagall_paris_fen_tre

Ils cassent le monde
En petits morceaux
Ils cassent le monde
A coups de marteau
Mais ça m'est égal
Ca m'est bien égal
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j'aime
Une plume bleue
Un chemin de sable
Un oiseau peureux
Il suffit que j'aime
Un brin d'herbe mince
Une goutte de rosée
Un grillon de bois
Ils peuvent casser le monde
En petits morceaux
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
J'aurais toujours un peu d'air
Un petit filet de vie
Dans l'oeil un peu de lumière
Et le vent dans les orties
Et même, et même
S'ils me mettent en prison
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j'aime
Cette pierre corrodée
Ces crochets de fer
Où s'attarde un peu de sang
Je l'aime, je l'aime
La planche usée de mon lit
La paillasse et le châlit
La poussière de soleil
J'aime le judas qui s'ouvre
Les hommes qui sont entrés
Qui s'avancent, qui m'emmènent
Retrouver la vie du monde
Et retrouver la couleur
J'aime ces deux longs montants
Ce couteau triangulaire
Ces messieurs vêtus de noir
C'est ma fête et je suis fier
Je l'aime, je l'aime
Ce panier rempli de son
Où je vais poser ma tête
Oh, je l'aime pour de bon
Il suffit que j'aime
Un petit brin d'herbe bleue
Une goutte de rosée
Un amour d'oiseau peureux
Ils cassent le monde
Avec leurs marteaux pesants
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez, mon cœur

Boris VIAN, Poésies

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Commentaires
Y
Sans tracas, sans fracas, peut-on rester ivre de joie, tourner le dos à la noirceur et danser nu sur terre, dans la lumière ? Pourquoi pas !<br /> Il suffit de baisser les bras, et la misère - devant nos pas - s'écartera... Et pourquoi pas ?<br /> Une poésie de dix-huit mètres, avec tous ses mots sur la tête, une fourmi traînant un char empli d'utopies et d'espoir...<br /> Les mots ne sont que les mots, mais écrivons les avec la force de la faim !<br /> Que l'on soit Desnos, Artaud, ou le plus humble ciron, portons très haut la misère et laissons la s'envoler vers les nuées sauvages. Et qu'ainsi elle s'efface, à jamais ! Emportée vers les brasiers du ciel.
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N
Je viens de retrouver un petit livre de Boris Vian "textes et chansons"<br /> Comme le dit Noöel Arnaud dans sa postface: textes à voir rouge, à rire jaune, à rêver bleu.<br /> Merci de m'avoir donné envie de le lire.<br /> <br /> Bises
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