Police / Justice : le principe de réalité

Sur l'interpellation du journaliste (et ex-PDG) de Libération Vittorio de Filippis et le cortège d'humiliations infligées par des flics plus vrais que nature, les réactions d'indignation sont évidemment très nombreuses, certaines même particulièrement hypocrites comme celle de Frédéric Lefebvre porte-parole de l'UMP qui feint de réprouver les méthodes policières,  tout à coup choqué le pauvre chéri, comme si nous ne vivions pas en Sarkoland depuis plus d'un an et demi !

A propos donc de cette affaire, voici ce que nous rappelle  fort justement un avocat :

Ce genre de traitement, aux limites de la légalité et parfois au-delà, nos clients les subissent tous les jours. Nous protestons, sans relâche. Nous rappelons que la loi ne prévoit pas un tel traitement, que l'article 803 du code de procédure pénale rappelle que le principe est : pas de menottage, sauf pour entraver une personne dangereuse ou prévenir un risque d'évasion (devinez quoi ? Tous présentent un risque d'évasion), que rien ne permet aux policiers de soumettre des gardés à vue à ce genre d'humiliation indigne.

Sans le moindre effet.

Cette affaire, frappant un journaliste, uniquement parce qu'il a été pendant six mois directeur de la publication d'un quotidien ayant publié un article qui a déplu et qui si ça se trouve n'était même pas diffamatoire, et qui s'il l'était l'expose au pire à une amende de 12.000 euros, va attirer un temps l'attention des médias sur ce scandale quotidien qui ne provoque qu'indifférence parce que d'habitude, le monsieur qui tousse avec son slip autour des chevilles, il s'appelle Mohamed, ou il a une sale tête.

À quelque chose malheur est bon : cela rappelle que ces lois qu'on ne trouve jamais assez dures quand elles frappent autrui, elles s'appliquent à tout le monde. Et un jour, elles peuvent aussi s'appliquer à vous. Vous verrez comme elles vous protègent, ce jour là.

Eolas , article complet à lire sur son blog Journal d'un avocat