Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le guetteur mélancolique
Le guetteur mélancolique
Publicité
Archives
17 septembre 2009

Depuis Mexico, ruta 2009

lucha_sigue

Los señores del Reino del Miedo
No producían maíz, ni chocolate, ni mantas.
Ellos sólo producían miedo.
Y con miedo pagaban a los hombres y a las mujeres
Que cultivaban la tierra
Y tejían el algodón.
Quien protestaba, moría ;
Y también la duda estaba condenada *

Bien le bonjour,

Sur toutes les routes du Mexique est apparu un nouveau panneau portant en chiffres de couleur une seule date, toujours la même, 2010, ruta 2010. Le Mexique d’aujourd’hui, le Mexique del Señor Fécal, dit Calderón, se prépare à célébrer en grande pompe le centenaire de la Révolution mexicaine et le bicentenaire de la lutte pour l’indépendance. C’est leur 14 Juillet, mais avec une petite différence tout de même, alors que le 14 juillet 1789 marque le début de la contre-révolution française, et les petits hommes d’État français peuvent bien l’honorer avec des défilés militaires, 1910 rappelle le commencement du soulèvement zapatiste, el votán Zapata, et nous savons tous ici que Zapata n’est pas mort, que la lutte pour la liberté et pour la Madre tierra, ne s’est jamais arrêtée ; quant à la date de 1810, elle marque le point de départ de la lutte pour la libération des peuples, n’oublions pas que les armées des curés Miguel Hidalgo et José Maria Morelos étaient formées des peuples purhépecha et nahua du Michoacán, qui ne parlaient pas espagnol et qui cherchaient avant tout à se libérer des oppresseurs, aussi bien espagnols que créoles. 1810, 1910... tous ces panneaux ruta 2010 que le gouvernement a pris soin de dresser tout le long des routes me paraissent une façon, pour lui, de conjurer un avenir proche, qu’il semble appréhender.

Aujourd’hui, en 2009, le peuple nahua d’Ostula, petit bourg sur le versant pacifique de la Sierra Madre dans l’État du Michoacán, vient de récupérer plus de mille hectares de terre, qu’au cours des ans s’étaient peu à peu appropriés, avec la complicité des instances gouvernementales, quelques personnages douteux et sans vergogne. Lors de la rencontre entre le peuple d’Ostula et le Congrès national indigène, qui a eu lieu les 7, 8, et 9 août de cette année, les autorités villageoises ont évoqué la Vierge de Guadalupe, patronne du village et figure de la Terre Mère universelle. La Vierge de Guadalupe est l’étendard des troupes zapatistes comme elle fut l’étendard des armées de Miguel Hidalgo. Les petits hommes d’État mexicains vont tenter de faire de la révolution mexicaine et de la lutte de libération des peuples une fiction, un pur spectacle avec fanfares et jeux de lumière, gardons pourtant en mémoire que la résistance et la lutte des peuples pour leur libération est toujours d’actualité et fait partie de la réalité du Mexique d’aujourd’hui.

Au Mexique, comme partout ailleurs, nous nous débattons entre la représentation que l’on cherche à nous donner de la réalité et cette même réalité. Ici pourtant le contraste est trop grand entre représentation et réalité pour que nous tombions dans le panneau. L’idéal d’un mode de vie, dont se veut porteuse la société de consommation avec jeunes femmes blondes grandes et sveltes et jeunes hommes porteurs d’attaché-case, à l’image du monde anglo-saxon, est bien trop éloigné de notre quotidien pour présenter un quelconque attrait. Nous sommes encore attachés à la réalité de la vie collective, la fiction d’un futur déshumanisé où l’after-shave serait le summum de la séduction a peu de prise sur notre imaginaire, les mensonges de l’État aussi. Seule une toute petit frange de la société se laisse prendre aux promesses d’un futur aseptisé et démocratique débordant de marchandises. Cet hiatus entre représentation et réalité nous permet de saisir ici plus aisément que dans le premier monde les enjeux de notre temps.[...]

George Lapierre : la suite de l'article est à lire ici CSPCL

* Les seigneurs du Royaume de la Peur ne produisaient pas de maïs, ni de chocolat, ni de couvertures. Ils produisaient seulement de la peur, et c’est avec la peur qu’ils payaient les hommes et les femmes qui cultivaient la terre et tissaient le coton. Qui protestait mourait ; et le doute aussi était condamné.

(Popol Vuh, ou l’histoire légendaire du peuple de maïs)

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité